Pardon, Amour, Pardon : ô seigneur, je te voüe
Pardon, Amour, Pardon : ô seigneur, je te voüe
Le reste de mes ans, ma voix et mes escris,
Mes sanglots, mes souspirs, mes larmes et mes cris :
Rien, rien tenir d'aucun que de toy, je n'advoüe.
Helas ! comment de moy ma fortune se joue !
De toy, n'a pas long temps, Amour, je me suis ris :
J'ay failly, je le voy, je me rends, je suis pris ;
J'ay trop gardé mon coeur ; or je le desadvoüe.
Si j'ay, pour le garder, retardé ta victoire,
Ne l'en traite plus mal : plus grande en est ta gloire ;
Et si du premier coup tu ne m'as abbattu,
Pense qu'un bon vainqueur, et n'ay pour estre grand,
Son nouveau prisonnier, quand un coup il se rend,
Il prise et l'ayme mieux, s'il a bien combatu.
Les poèmes de Étienne de La Boétie
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