Par quel sort, par quel art, pourrois-je à ton coeur rendre
Par quel sort, par quel art, pourrois-je à ton coeur rendre
Au moins s'il peut vers moy s'engourdir de froideur,
Ceste vive, gentille, et vertueuse ardeur
Qui vint pour moy soudain, de soy-mesme s'éprendre.
Et quoy ? la pourrois tu comme au paravant prendre
Pour fatale rencontre, et parlant en rondeur
D'esprit, comme je croy, la juger pour grand heur,
Qui plus à ton esprit contentement engendre.
Tel que je m'en sentois, indigne je m'en sens,
Mais de ta foy ma foy s'accroist avec le tems.
Quel moyen donc ? si c'est par grandeurs, je le quitte :
Si par armes et gloire, au haut coeur nos malheurs
S'opposent : si par vers, tu as des vers meilleurs :
Ton hault jugement peut sauver seul mon merite.
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