Accueil> Les poètes> Étienne Jodelle
A sa Muse
Amour vomit sur moy sa fureur et sa rage
Combien de fois mes vers ont-ils doré
Comme un qui s'est perdu dans la forest profonde
De quel soleil, Diane, empruntes-tu tes traits
Des astres, des forêts, et d'Achéron l'honneur
Dès que ce Dieu soubs qui la lourde masse
Des trois sortes d'aimer la première exprimée
En quelle nuit, de ma lance d'ivoire
En tous maux que peut faire un amoureux orage
Encor que toi, Diane, à Diane tu sois
J'aime le verd laurier, dont l'hyver ny la glace
Je m'étoy retiré du peuple, et solitaire
Je me trouve et me pers, je m'asseure et m'effroye
Je meure si jamais j'adore plus tes yeux
Je vivois mais je meurs, et mon cour gouverneur
Mesme effect qu'ont les vents enclos dessous la terre
Myrrhe bruloit jadis d'une flamme enragée
Ô Toy qui as et pour mere et pour pere
Ô traistres vers, trop traistre contre moy
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