En mille crespillons les cheveux se friser
En mille crespillons les cheveux se friser,
Se pincer les sourcils, et d'une odeur choisie
Parfumer haut et bas sa charnure moisie,
Et de blanc et vermeil sa face déguiser :
Aller de nuit en masque, en masque deviser,
Se feindre à tous propos être d'amour saisie,
Siffler toute la nuit par une jalousie,
Et par martel de l'un, l'autre favoriser :
Baller, chanter, sonner, folâtrer dans la couche,
Avoir le plus souvent deux langues en la bouche,
Des courtisanes sont les ordinaires jeux.
Mais quel besoin est-il que je te les enseigne ?
Si tu les veux savoir, Gordes, et si tu veux
En savoir plus encor, demande à la Chassaigne.
Les poèmes de Joachim du Bellay
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