Cleon, depuis le temps que tu perdis ton pere
Cleon, depuis le temps que tu perdis ton pere,
Tu vivois avec nous, comme l'un d'entre nous,
On ne t'en a point veu d'une humeur plus austere,
On ne t'en a point veu d'un visage moins doux.
Quand l'heure du disner te retiroit d'affaire
Ainsi que tu soulois, tu beuvois treize coups,
Et quand tu te sentois las de la bonne chere,
Le Cours ou Luxembourg estoient tes rendez-vous.
Cependant je ne sçay quelle morne pensée
Tient depuis quelques jours ton ame embarassée
Et te vest d'un manteau jusqu'aux talons porté.
Il ne se vit jamais un habit de la sorte,
Il ne se vit jamais une douleur si forte,
Dis nous, Cleon, ton pere est-il ressuscité ?
Les poèmes de Charles Vion d'Alibray
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