Souhait qu'il faisoit au champs, se souvenant de sa Dame
Tandis que je me promeine
Parmy cette belle pleine,
Et qu'en resvant je m'en vois
Promener parmy ces bois,
Je sens mon couler dans mon âme
Un souvenir de ma Dame,
Qui me faict aussi soubdain
Faire un tel souhait en vain.
Pleust au dieu par qui j'essaie
Quelle est l'amoureuse plaie,
Que celle qui m'a ravy,
Celle qui tient asservy
Tout lé bon-heur de ma vie
Heureusement asservie
Fut ores avecque moy,
Pour effacer mon esmoy,
Et pour m'estre aussi traictable
Qu'elle est belle et souhaitable.
Vrayment s'il estoit ainsi
Je suis seur que le soucy,
Dequoy j'ay la teste pleine,
Ne me feroit plus de peine :
Si bien d'un double baiser
Je le sçaurois appaiser.
Puis la prenant soubz l'aisselle,
M'en irois avecques elle
Dans la forest bien avant,
Et là mieux qu'auparavant,
Et d'une plus douce feste,
J'arracheroy de ma teste
Ce soins durement encloz
Qui me trouble le repos.
Les poèmes de Olivier de Magny
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