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Songe agréable de Joseph Quesnel

Songe agréable

Une nuit que le dieu Morphée,
Sur ma paupière comprimée
Distillait ses plus doux pavots,
Je vis en songe dans la nue,
Un vieillard à tête chenue,
Qui me fit entendre des mots :

Bellone va fuir exilée,
L'Europe de sang abreuvée
La repousse au fond des déserts ;
Et Georges ce roi formidable,
Domptant le Français indomptable,
Rendra la paix à l'univers.

Tremble ennemi fier et perfide,
Et de ta fureur homicide
Suspends les effets impuissants ;
Albion se rit de ta haine,
Et des peuples que tu enchaînes,
Il brisera les fers sanglants.

Mais... quelle heureuse scène s'ouvre !
L'avenir à moi se découvre...!
Déjà je vois mille vaisseaux
Sillonnant les plaines liquides,
Et les Pilotes moins timides
Ne redouter plus que les flots.

Mars s'enfuit, le carnage cesse ;
La paix cette aimable déesse
Va réunir tous les mortels,
Et bientôt dans ces jours prospères
Les hommes redevenus frères,
Iront encenser ses autels.

La concorde enfin va renaître,
A sa suite on verra paraître
L'aurore du plus heureux jour ;
Et dans leurs champs rendus fertiles
Les laboureurs libres, tranquilles,
Béniront la paix à leur tour.

Il dit ; et soudain je m'écrie :
O vieillard ! dont la prophétie
Comblerait notre ardent désir,
Que sais-tu de nos destinées ?
Je suis le père des années
Dit-il, et je vois l'avenir.

A ces mots, le vieillard s'envole,
Et d'un songe hélas trop frivole
Je crûs qu'il m'avait abusé ;
Mais les succès de l'Angleterre,
Sauront réaliser j'espère,
Ce que Le Temps m'a révélé.

Les poèmes de Joseph Quesnel

 

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