Solitaire et pensif, dans un bois écarté
Solitaire et pensif, dans un bois écarté,
Bien loin du populaire et de la tourbe épaisse,
Je veux bâtir un temple à ma fière déesse,
Pour apprendre mes voeux à sa divinité.
Là, de jour et de nuit, par moi sera chanté
Le pouvoir de ses yeux, sa gloire et sa hautesse,
Et, dévot, son beau nom j'invoquerai sans cesse,
Quand je serai pressé de quelque adversité.
Mon oeil sera la lampe, ardant continuelle
Devant l'image saint d'une dame si belle,
Mon corps sera l'autel, et mes soupirs les voeux.
Par mille et mille vers je chanterai l'office,
Puis, épanchant mes pleurs, et coupant mes cheveux
J'y ferai tous les jours de mon coeur sacrifice.
Les poèmes de Philippe Desportes
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