Pour la même inconstante
Elle aime, et n'aime plus, et puis elle aime encore,
La volage beauté que je sers constamment :
L'on voit ma fermeté ; l'on voit son changement ;
Et nous aurions besoin, elle et moi, d'ellébore.
Cent fois elle brûla du feu qui me dévore ;
Cent fois elle éteignit ce faible embrasement ;
Et semblable à l'Égypte en mon aveuglement,
C'est un caméléon que mon esprit adore.
Puissant maure des sens, écoute un malheureux ;
Amour, sois alchimiste, et sers-toi de tes feux
À faire que son coeur prenne une autre nature :
Comme ce coeur constant me serait un trésor,
Je ne demande point que tu fasses de l'or,
Travaille seulement à fixer ce mercure.
Les poèmes de Georges de Scudéry
1