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Les petits oiseaux de Émile Nelligan

Les petits oiseaux

Puisque Rusbrock m'enseigne
A moi, dont le coeur saigne
Sur tout ce qui se baigne
Dans le malheur,
A vous aimer, j'élève
Ma pensée à ce rêve :
De vous faire une grève
Avec mon coeur.

Là donc, oiseaux sauvages,
Contre tous les ravages,
Vous aurez vos rivages
Et vos abris :
Colombes, hirondelles,
Entre mes mains fidèles,
Oiseaux aux clairs coups d'ailes,
O colibris !

Sûrs vous pourrez y vivre
Sans peur des soirs de givre,
Où sous l'astre de cuivre,
Morne flambeau !
Souventes fois, cortège
Qu'un vent trop dur assiège,
Vous trouvez sous la neige
Votre tombeau.

Protégés sans relâche,
Ainsi contre un plomb lâche,
Quand je clorai ma tâche,
Membres raidis ;
Vous, par l'immense voûte
Me guiderez sans doute,
Connaissant mieux la route
Du Paradis !

Les poèmes de Émile Nelligan

 

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