Le baiser (I)
N'êtes-vous pas toute petite
Dans votre vaste appartement,
Où comme un oiseau qui palpite
Voltige votre pied normand ?
N'est-elle pas toute mignonne,
Blanche dans l'ombre où tu souris,
Votre taille qui s'abandonne,
Parisienne de Paris ?
N'est-il pas à Vous, pleine d'âme,
Franc comme on doit l'être, à l'excès,
Votre coeur d'adorable femme,
Nu, comme votre corps français ?
Ne sont-ils pas, à Vous si fière,
Les neiges sous la nuit qui dort
Dans leur silence et leur lumière,
Vos magnifiques seins du Nord ?
N'est-il pas doux, à Vous sans haine
Frémissante aux bruits de l'airain,
Votre ventre d'Européenne,
Oui votre ventre européen ;
N'est-elle pas semblable au Monde,
Pareille au globe entouré d'air,
Ta croupe terrestre aussi ronde
Que la montagne et que la mer ?
N'est-il pas infini le râle
De bonheur pur comme le sel,
Dans ta matrice interastrale
Sous ton baiser universel ?
Et par la foi qui me fait vivre
Dans ton parfum et dans ton jour,
N'entre-t-elle pas, mon âme ivre,
En plein, au plein de ton amour ?
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