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Circé de Albert Glatigny

Circé

... Mais je prendrais mon cour meurtri, mon coeur qui saigne
Et je l'enfilerais, pareil à ceux qu'on voit
Galamment transpercés et peints sur une enseigne,
Avec ces mots : - Ici l'on mange, ici l'on boit !

J'en ferais un hochet bien ciselé pour celle
Dont la superbe épaule a le balancement,
Sous l'ardeur des cheveux où la flamme ruisselle,
Du ballon que les airs bercent nonchalamment !

Un hochet pour les mains magnifiques et pures
De l'enfant radieuse et blanche, de l'enfant
Dont les tout petits doigts aux roses découpures
Tiennent la clé des cieux, qu'un chérubin défend.

Et quand j'aurais bien dit les angoisses amères
Et les soucis aigus aux serres de vautour,
Épris de la grandeur terrible des chimères,
J'irais lécher les pieds du beau chasseur Amour ;

M'humilier devant son regard qui m'attire,
Vous dire : - Emplissez-moi la coupe où j'ai laissé
Mon âme ; prolongez sans cesse mon martyre,
Sans pitié, sans égard, ô puissante Circé.

Les poèmes de Albert Glatigny

 

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