Cependant le soleil fournissant sa journée
Cependant le soleil fournissant sa journée
Voit son maître à la croix de tourments foisonné,
Ja prêt à rendre l'âme : il blêmit étonné,
Et volontiers sa course eût ailleurs détourné.
Il se fâche de voir sa tête environnée
D'un brillant diadème, et dit passionné :
Dois-je voir de rayons ma tête couronnée,
Voyant mon Créateur d'épines couronné ?
À ces mots il arrache avecque violence
Sa flambante couronne, et dépité l'élance
Dans les abîmes creux ; soudain le jour s'enfuit.
Ô comme tu sers bien, ô soleil, ce bon maître :
Tu fis naître un beau jour la nuit qui le vit naître,
Et ce jour qu'il se meurt tu fais naître une nuit.
(Sonnet LXV)
Les poèmes de Jean de La Ceppède
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