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Aux saints de Germain Nouveau

Aux saints

Si, tous les matins de nos fêtes,
Nous chantions tous avec amour
Sur les harpes des saints prophètes
Nos prières qui sont parfaites,
Je ne serais pas dans la cour.

Si nous récitions nos prières
Dans le crépuscule du soir
Avec des lèvres régulières,
Avant d'allumer les lumières,
Je ne serais pas au chauffoir.

Si les yeux remplis de beaux songes,
Nous demandions, quand vient le jour,
Au ciel qui voit tous nos mensonges
L'humble foi du pêcheur d'éponges,
Je ne serais pas dans la cour.

Et quand la lampe s'est éteinte,
Si nous sentions sur nos lits noirs
La caresse d'une aile sainte,
Attendant que l'Angelus tinte,
Je ne serais pas au dortoir.

Si l'homme s'oubliait lui-même
Pour ses frères, comme un retour
Des bienfaits du Seigneur qui l'aime,
Qui le marque de son Saint-Chrême,
Je ne serais pas dans la cour ;

Et si nous, les fous de Bicêtre,
Nous avions fait notre devoir,
Le devoir dicté par son prêtre,
Nous serions au parloir peut-être,
Ce ne serait pas ce parloir.

Sans le diable qui nous malmène,
Nul, avec les yeux de son corps,
N'aurait vu ma figure humaine
Dans la cour où je me promène
Et dans le dortoir où je dors.

(Poème écrit à Bicêtre)

Les poèmes de Germain Nouveau

 

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